De passage à Paris ce mois-ci à l’occasion d’une journée consacrée aux grands clients de Mentor Graphics, Walden Rhines, p-dg de l’éditeur de logiciels de CAO électronique, a expliqué pourquoi les fondeurs allaient changer la donne en matière de conception de circuits intégrés à partir du nœud technologique 28/20 nm ; la mauvaise conjoncture actuelle risque tout au plus de différer de quelques mois ce nouveau paradigme.

« You do not fire designers in a downturn ! » Walden Rhines est catégorique : on ne licencie pas les ingénieurs de conception pendant une période de retournement du marché, car une fois la récession terminée, les entreprises devront disposer de composants compétitifs pour remplir rapidement leurs carnets de commande. Fort de son expérience, le p-dg de Mentor Graphics sait que les cycles de l’industrie des semiconducteurs n’ont pas la même ampleur pour le marché de la CAO électronique. Suivant la durée de l’affaiblissement actuel de la demande de puces, la progression du marché de la CAO en électronique ne devrait pas sortir d’un rail de –5% à + 5%. Mais ce qui rend confiant le dirigeant, c’est le passage au nœud technologique 28 nm/20 nm.

En préambule à sa démonstration, Walden Rhines rappelle que la consolidation dans l’industrie des semiconducteurs dont on nous rebat souvent les oreilles…

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ne sait en fait jamais matérialisée dans les chiffres. Les cinq et/ou les dix premiers fabricants de semiconducteurs ont eu en 2010 la même part de marché cumulée que celle de 1972 (respectivement 35% et 50% environ). Même le rachat de NS par Texas Instruments n’aura qu’un impact de 0,5% à 1%. Et que dire de la part de marché des 50 premiers fabricants de puces ? Elle a reculé de 10 points depuis 2003, à 85%. Autre idée reçue battue en brèche : la part des fondeurs dans la production mondiale de semiconducteurs n’augmente pas : elle est en fait presque stable depuis 2000 pour représenter en 2008 un peu plus de 20% (chiffres Semico Research).

Pour autant, nous sommes bien aujourd’hui à l’aube d’un profond changement : les investissements des fondeurs ont plus que doublé au cours des deux dernières années, passant d’une moyenne de 6,9 milliards entre 1998 et 2009, à 14,3 milliards en 2010 et 19,1 milliards cette année (chiffres VLSI Research). Même si conjoncture actuelle les incitent à la prudence, les budgets sont déjà largement consommés. Or les fondeurs investissent pour les technologies les plus avancées et d’ici 2 à 3 ans ils devraient donc détenir les 2/3 de la capacité de production installée en technologies 28/20 nm.

Conséquence tirée par Walden Rhines : d’ici 6 à 12 mois, les rendements de production dans ces technologies de pointe seront très bons avec des capacités de production très importantes et donc des prix avantageux pour les clients. Le p-dg de Mentor Graphics s’attend ainsi à un regain des activités de conception dès le début de 2012 (ou un peu plus tard si la crise perdure) permettant aux clients des fondeurs de profiter des possibilités du 28/20 nm à un coût de production compétitif, pour faire émerger des applications totalement nouvelles pour les semiconducteurs. Walden Rhines s’attend même à ce que les fabricants de semiconducteurs, profitant des coûts de production tirés vers le bas, « redesignent » leurs circuits de technologies plus anciennes en versions 28/20 nm, leur ajoutant alors de nouvelles fonctionnalités. Toutes considérations qui laissent espérer au p-dg de Mentor de nouveaux records pour les ventes de semiconducteurs à partir de 2014.