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La TNT de 2020 saura-t-elle s’adapter aux nouveaux usages ?

Filière électronique>Télécoms>Grand public>France>Stratégie
16/01/2014 06:46:55 :

La télévision numérique terrestre est de moins en moins utilisée, au profit de la TV sur ADSL et de la TV sur tablette ou sur smartphone. Elle peut par ailleurs se faire économe en fréquences grâce aux progrès de la technologie. Du coup, les Pouvoirs Publics sont très tentés de revendre- à prix d'or- aux opérateurs téléphoniques certaines fréquences qui lui sont réservées. Mais ces opérateurs souhaiteront probablement utiliser ces fréquences entre autres pour mieux diffuser des programmes de télévision sur mobiles en 4 ou 5G et offrir ainsi ce que notre TNT ne sait toujours pas faire, à savoir arriver partout sur des antennes intégrées aux récepteurs, y compris à l’intérieur des bâtiments. Ce qui reviendrait, à terme, à faire payer la réception du « bouquet national » aux consommateurs au travers d'abonnements. Il serait beaucoup plus logique, du moins du point de vue des consommateurs, que la TNT s'adapte elle-même à la réception sur mobiles, en particulier sur les tablettes. D'autant que les propriétés de ses fréquences et l'évolution actuelle des possibilités technologiques constituent une véritable opportunité. Qualité et mobilité, arguments choc de la TNT ? Peut-être une question de survie, à terme. Par Jean-Pierre Della Mussia
 
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La seule question que devraient se poser actuellement les acteurs de la TNT pour défendre leur patrimoine est la suivante : « pouvons-nous faire évoluer ses possibilités techniques pour mieux répondre aux besoins des consommateurs et maintenir sa vocation de gratuité auprès d’un très grand public ? » La réponse est positive mais la tâche n’est malheureusement pas simple.

Répondre aux besoins croissants des téléspectateurs en mobilité : le grand enjeu
Aux États-Unis, 30% des téléspectateurs regardent déjà leurs programmes de télévision sur un appareil portable- tablette (en Wifi) ou smartphone (en 3G). L'Europe a pris du retard, mais l'évolution des usages, ici aussi, est inéluctable : les jeunes en particulier poussent à la roue et veulent leur indépendance télévisuelle.



Or la TNT arrive essentiellement aujourd'hui sur des antennes de toit, et pénètre très mal à l'intérieur des bâtiments (sauf près des émetteurs) du fait de la façon d’exploiter nos normes et de la configuration du réseau des émetteurs. Ces choix historiques s'expliquent, mais il faudrait aujourd'hui, sans remettre en cause l'existant, avoir le courage de ne pas les sanctuariser. À défaut, la TNT risque de ne plus être utilisée à terme que pour 30 % des réceptions télévisuelles; le nombre de chaînes diffusées gratuitement par ce moyen risquerait en outre de se réduire puisqu'il faut un minimum de téléspectateurs (quelques dizaines de milliers simultanément dans le cas d’une chaîne à petit budget) pour amortir les coûts d’exploitation de la diffusion d’un programme.

La solution consiste, schématiquement, à utiliser les progrès de la technique en compression et en transmission non pas seulement pour améliorer encore la qualité des images ou pour faire des économies, mais avant tout pour rendre les diffusions plus robustes, capables de passer à travers les murs sans détérioration inadmissible des signaux (les fréquences utilisées le permettent). Ce qui implique des changements de normes. Par chance est née il y a quelques années la norme de transmission dite DVB-T2 qui, en fait, est plus qu'une norme : c'est une boîte à outils de normes de base qui permet de démultiplier les performances des transmissions dans le sens que l'on veut : par exemple envoyer des signaux HD avec la plus faible puissance possible, ou des signaux capables de traverser les murs sans dégradation. Le tout avec un gain d'efficacité globale d’au moins 40 % par rapport à la norme DVB-T actuelle (ce gain s'ajoute à celui des nouvelles normes non pas de transmission mais de compression d’images). D'où la possibilité de faire arriver les signaux sur des antennes intégrées aux récepteurs, par exemple dans de futures tablettes capables de recevoir la TNT (Archos l'a déjà fait).

La combinaison des nouvelles normes devrait permettre à une émission d’être reçue en définition maximale dans les cas normaux, mais aussi en définition réduite pour les cas difficiles. Une adaptation automatique de la définition de l'image pourrait se faire en fonction de la tablette pour les cas intermédiaires. Tout ceci signifie aussi malheureusement au moins une transition matérielle chez les téléspectateurs (avec un boîtier décodeur transitoire- ou une clé HDMI-, comme lors du passage de la télévision analogique à la télévision numérique). Donc un très gros effort de gestion de la part des acteurs de la TNT, d'autant que les fréquences libres sont moins nombreuses qu'autrefois et qu'il serait peut-être utile de partager certaines fréquences VHF (et non plus UHF) avec la future radio numérique.

Malgré tout, avec cette technique, la TNT mobile ne pourrait pénétrer correctement à l'intérieur des habitations que dans 70 % des cas environ si, pour une question de coût, l’emplacement des émetteurs n'est pas modifié (peut- être plus, en fonction des compromis adoptés). Cela rappellerait la réception de la FM d’aujourd'hui à l’intérieur des bâtiments, mais avec une haute qualité d’image et une antenne de réception non « pendante ». Nous proposons pour les autres téléspectateurs, condamnés à utiliser leur antenne de toit (avec un signal beaucoup plus robuste il est vrai) d'adopter un boîtier TNT qui se brancherait sur la prise de réception principale de l'antenne, et qui rediffuserait, dans toute la maison, par exemple jusqu’à quatre signaux « Wifi audiovisuels » (correspondant à quatre programmes différents sélectionnés par télécommandes). Ces signaux seraient semblables aux signaux Wifi que l'on connaît, mais avec une qualité de service (pas de microcoupure) et une bande passante la plus adaptée possible à l'audiovisuel. La mobilité Wifi serait ainsi assurée au moins à l’intérieur des habitations. Ce boîtier pourrait d’ailleurs être relié en Wifi normal à la boxe Internet du foyer, pour conférer une éventuelle interactivité à la télévision: ce serait donc aussi un périphérique informatique comme un autre, piloté par télécommandes pour la voie retour(1). (Nous n’aborderons pas ici les retombées normalement positives de la création de ces matériels sur l’industrie française).

Un nouvel usage : la portabilité
Notons au passage que cette TNT mobile ou ce Wifi audiovisuel permettrait un nouvel usage, appelé portabilité et non mobilité : il deviendrait en effet possible d'installer des récepteurs TV là où il n’y a pas de prise TV, comme dans une salle de bain par exemple. Cette réception pourrait se faire, tant qu'il n'existera pas de téléviseurs adaptés, par l’intermédiaire d'une prise HDMI contenant soit un tuner pour réception directe en mobilité, soit une interface Wifi audiovisuelle (associée à une télécommande pour le choix des chaînes).

Aucune fréquence à proposer aux télécoms à court terme
Le réseau d'émetteurs actuels est-il adapté à une TNT mobile, éventuellement appelée à remplacer complètement la TNT MPEG2/ MPEG4 d'ici cinq à sept ans ? Assez peu, malheureusement, car les émetteurs sont souvent placés loin des villes (en fait, au point le plus haut de chaque région). Mais, pour une question de coût, il faudrait faire avec, du moins à moyen terme. Ce qui est possible, quitte à augmenter légèrement la puissance des émetteurs (cette puissance avait été considérablement abaissée lors du passage de l'analogique au numérique. Il se trouve qu’une augmentation de puissance est possible, dans de très nombreux cas, sans aucun investissement) (2).

Si la mise en place d’une TNT mobile devait être envisagée, il serait trop tôt pour proposer des fréquences de la TNT aux opérateurs des télécoms : trop de compromis conduisant à une couverture « acceptable » du territoire en TNT mobile seraient encore à définir. Soulignons que cette TNT mobile n'a rien à voir avec le projet de l'ancienne télévision mobile (connue sous le nom de sa norme de transmission, DVB-H) qui devait conduire à un nouveau réseau d'émetteurs, indépendant de celui de la TNT. Ce projet avait à l’époque été refusé par les chaînes de télévision car il représentait un investissement trop élevé pour justifier les retombées attendues. (Ici, nous ne proposons pas de nouveau réseau mais un changement de modulation sur le réseau actuel.)

Pourquoi le sujet de la TNT mobile est-il tabou ?
Les actuels acteurs de la TNT sont silencieux sur le sujet de la mobilité et il n’est pas facile de savoir pourquoi. Observons simplement que deux groupes d’opérateurs sont ici face à face, celui de la télévision, peu riche, qui a d’autres soucis, et qui n’est donc pas spécialement demandeur d’un nouveau média (mais si quelque chose de quasi gratuit pour lui et qui augmente ou fidélise son audience se présente, il suivra, bien entendu); d’autre part celui des télécoms, plus de dix fois plus riche, qui cherche par contre à proposer de nouveaux services pour justifier d’éventuelles futures augmentations de prix d’abonnements. Entre les deux, le CSA semble muet sur le sujet et n’a probablement guère envie de gérer un projet « mobilité » fatalement complexe. Le gouvernement, lui, est focalisé sur les recettes générées par la revente de fréquences et n’est probablement pas conscient que l’avenir de la TNT est en jeu, la gratuité des programmes avec.

JP Della Mussia
Si vous souhaitez réagir à cet article, vous pouvez contacter Jean-Pierre Della Mussia à l’adresse suivante : jpdmjp@yahoo.fr

(1) Deux autres options sont possibles : brancher sur la prise antenne un micro réémetteur (puissance de l’ordre de 10 mW) retransmettant toutes les chaînes sur les mêmes fréquences que celles d’origine. La solution est très simple pour les utilisateurs mais heurte les règles habituelles (ces fréquences sont en principe interdites d’émission aux produits grands publics).
Il serait aussi possible que la boxe d’antenne utilise un réseau Wifi normal. Mais quitte à saturer des bandes avec des signaux TV émis en continu, pourquoi ne pas le faire sous une norme Wifi audiovisuelle taillée sur mesure, entre autre optimisée au niveau bande passante ? Seul vrai obstacle de court terme: les tablettes devraient devenir compatibles avec une réception Wifi audiovisuelle. Mais gageons que ces tablettes arriveraient sur le marché avant les signaux à exploiter…

(2) Les réseaux télécoms ont, eux, un maillage beaucoup plus serré que celui de la TNT, donc mieux adapté à la mobilité. Mais leurs normes de transmission de données sont nettement moins efficaces pour l’audiovisuel que le DVB-T2 et leurs fréquences ne se prêtent qu’à des portées limitées. Ce qui se traduit par des coûts de transmission élevés…qui ne peut que se refléter dans des prix d’abonnements. Directement ou indirectement.

ÉDITION du 17/01/2014
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