Crée le 2 avril 1984, trois ans après sa maison-mère, la filiale française de Mentor Graphics, numéro trois mondial de la CAO électronique, fête ses 30 ans. De trois personnes au départ quand le marché mondial de la CAO électronique ne pesait que quelques dizaines de millions de dollars, l’entité française compte aujourd’hui 240 personnes dont 80 personnes pour la structure commerciale et 80 personnes dans chacun des deux centres de R&D qu’abrite l’Hexagone (Meudon et Grenoble) …

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Ces implantations résultent des acquisitions d’Anacad dans la CAO a analogique en 1994 et de Meta Systems dans l’émulation en 1997.

Trente après ses débuts, Mentor Graphics aborde un nouveau cycle de croissance : l’entreprise qui réalise la moitié de son chiffre d’affaires dans la CAO pour le semiconducteurs, se diversifie de plus en plus vers les systèmes, au premier desquels l’automobile (un secteur où l’Europe est particulièrement compétitive), et plus généralement le transport, sans compter le médical et l’industriel. Considéré comme l’un des éditeurs les mieux positionné pour apporter une offre complète à l’automobile, de la planification des produits aux services chez le garagiste, Mentor Graphics réalise aujourd’hui environ 15% de son CA sur ce secteur. Ses ventes dans ce domaine progressent en moyenne de 8,6% par an depuis 2008.

Cette diversification vers la CAO système s’explique par le potentiel de ce marché. Il faut dire que le marché des systèmes électroniques (environ 2000 milliards de dollars) est nettement plus important que celui des semiconducteurs (300 milliards). Dans les semiconducteurs, les fabricants semblent avoir atteint un plafond pour leurs dépenses de CAO depuis de nombreuses années : 2% de leur chiffre d’affaires, soit un marché de 6 milliards de dollars. Avec le même ratio pour les fabricants de systèmes électroniques, l’automatisation de leurs moyens de conception conduirait à un marché de 40 milliards de dollars !

Mentor Graphics a terminé son exercice annuel fin janvier sur un chiffre d’affaires record de 1156,4 M$, en hausse de 6,2% par rapport à 2012, pour un bénéfice net de 155,3 M$, contre 138,7 M$, lors de l’exercice précédent. Au cours de l’exercice, l’Europe a représenté 20% des ventes de l’éditeur américain de logiciels de CAO, contre 45% en Amérique du Nord, 10% au Japon et 25% en Asie-Pacifique. Depuis 1994, l’entreprise croît en moyenne de 7% par an et de 9% par an depuis 2010. Comme ses deux autres grands concurrents, Mentor Graphics a une stratégie de croissance externe soutenue (5 acquisitions depuis mars 2013). Citons notamment le Californien Oasys dans les outils de synthèse RTL en décembre 2013, puis le Suédois Mecel dans les logiciels Autosar pour l’automobile en janvier 2014 et, enfin, le mois dernier le Californien Berkeley Design Automation (BDA) spécialisé dans les logiciels de CAO pour circuits analogiques et mixtes. Pas très bien implanté en Europe, BDA offre ainsi un potentiel de croissance important pour Mentor sur un continent où l’électronique analogique est un point fort.

L’actualité technologique de Mentor Graphics a trait, quant à elle, à la CAO de cartes avec le lancement le mois dernier de l’outil Xpedition, fruit de 6 ans d’investissement en développement, et considéré par l’éditeur comme son innovation la plus significative depuis des années (voir notre article). L’outil, destiné aux cartes complexes, se veut une réponse au fait que peu de concepteurs ont recours au routage automatique, préférant le routage manuel plutôt que d’avoir à « nettoyer » le routage automatique. La plateforme Xpedition a également été conçue pour répondre aux défis posés par la conception des circuits imprimés actuels, en s'adaptant aux changements de profil des concepteurs, y compris pour des organisations réparties dans le monde entier. La population d’ingénieurs de conception de cartes est en effet de plus en plus vieillissante et les jeunes, notamment en Europe, rechignent à embrasser une carrière dans l’électronique. Il est donc impératif que ces outils puissent être utilisés par des équipes disséminées à travers le monde. Outre la 3D, l’accent pour la plateforme a également été mis sur le lien avec la production (Design for Manufacturing), afin de réduire le nombre d’itérations pour accélérer le processus de fabrication. Cette année, toute une série d’annonces viendra enrichir la plate-forme dévoilée en mars dernier.