Vendredi 27 Septembre @ VIPress.netLa fin des cycles de surcapacité de production dans le semiconducteur ?
Toujours très attendue, l’intervention de Bill McClean, président de la société d’études IC Insights, dans le cadre de l’European Microelectronics Summit, dont l’édition 2013 organisée hier à Paris par le Sitelesc était consacrée cette année aux semiconducteurs pour le transport et les infrastructures intelligentes, n’a pas dérogé à la règle. Pour le spécialiste de l’analyse de la conjoncture, le cycle de l’industrie des semiconducteurs est (et sera à l’avenir) de moins en moins dicté par les phases de surcapacité/sous-capacité de production, mais devient de plus en plus corrélé aux évolutions macro-économiques du PIB. Dans ce contexte, Bill McClean anticipe un regain de croissance pour les ventes de semiconducteurs au cours des années à venir. Explications …
On connaît l’engrenage funeste des phases successives du cycle de l’industrie des semiconducteurs : un manque de capacité de production, qui conduit à des difficultés d’approvisionnements et à une hausse des prix, qui permet alors aux fabricants de puces de surinvestir en même temps, ce qui conduit à une surcapacité de production, puis à un écroulement des prix, qui empêche alors les fabricants d’investir et ainsi de suite. Pour Bill McClean, ce cycle sera de moins en moins pertinent, car les capacités de production n’augmentent plus que marginalement, les fabricants préférant aujourd’hui investir dans des technologies plus fines : entre 1993 et 2008, la capacité production installée en nombre de tranches a progressé en moyenne de 10,6% par an ; elle n’a augmenté que de 3,6% par an en moyenne entre 2008 et 2013.
La consolidation de l’industrie et le succès du modèle fabless (et fab-lite) expliquent cette pause. Il n’y a plus que quatre acteurs dans les mémoires (Samsung, SK Hynix et Micron, ainsi que Toshiba pour les flash) et les fondeurs représenteront cette année 38% du total des investissements. Aucun nouvel entrant ne pourrait aujourd’hui bouleverser ce pré-carré en production et la situation devrait même empirer avec le passage au 450 mm. Selon Bill McClean, si 65 fabricants sont capables de produire sur tranches de 200 mm et seulement 25 sur tranches de 300 mm, ils seront moins d’une dizaine à maîtriser la production sur tranches de 450 mm. Moins de fabricants, plus de sociétés fabless ou fab-lite, pas étonnant que le ratio investissements sur ventes tombera à 15%-16% à la fin de la décennie, contre 25% à la fin des années 90. Moins de fabricants signifie moins de risques de surcapacité de production. Toutefois en cas de défaillance grave (comme le montre à petite échelle les répercussions de l’incendie dans l’usine d’Hynix), la machine pourrait s’emballer rapidement …
L’hégémonie des produits de masse pour le grand public dans la répartition des ventes de circuits intégrés constitue l’autre facteur qui plaide pour une plus grande corrélation entre la croissance du PIB et celle de l’industrie des semiconducteurs. En clair, le consommateur n’achète de smartphones et des tablettes que si la conjoncture macro-économique le lui permet.
Cette analyse fait dire à Bill McClean que le marché mondial devrait progresser en moyenne de 7% entre 2012 et 2022, soit davantage que la progression moyenne de 4,7% constatée en 1997 et 2012. Une croissance qui s’effectuerait avec des progressions en volume moins importants (+5% par an contre +8% lors la période précédente), mais avec des prix de vente moyen en hausse (+2% par an, contre une baisse moyenne de 3% par an entre 1997 et 2012).
Dans le détail, IC Insights estime que le marché mondial des semiconducteurs progressera de 6% en 2013, 8% en 2014, 11% en 2015 et 13% en 2016.
Concernant les investissements des fabricants de semiconducteurs, ils devraient reculer de 2% cette année, à 58,5 milliards de dollars, avant de progresser de 9% en 2014, de 4% en 2015 et de 14% en 2016.
Pour compléter ce tour d’horizon, IC Insights prévoit une hausse de 4% du marché des matériaux pour la fabrication des semiconducteurs cette année, à 50,4 milliards de dollars.
Quant au marché des systèmes électroniques, il devrait progresser de 5% en 2013, à 1428 milliards de dollars.
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